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Le Sénégal s'est exprimé : les réparations coloniales sont un impératif de justice historique (Par Lamine Fofana)



La question des réparations coloniales prend une nouvelle dimension en Afrique, portée par des voix fortes comme celle d'Amdiatta Diaby, député sénégalais à la CEDEAO. « L'Afrique exige des réparations, la vérité et la justice », affirme-t-il avec une conviction qui résonne bien au-delà des frontières de son pays.

Pour lui et de nombreux Africains, il est temps que les anciennes puissances coloniales reconnaissent leurs crimes et acceptent leur responsabilité historique. « Après des siècles d'esclavage, suivi de la colonisation brutale de nos terres, aujourd'hui nous avons une autre forme de domination, le néocolonialisme », déclare-t-il.

En effet, cette position s'inscrit dans un mouvement plus large au Sénégal. Amdiatta Diaby explique : « La réparation est devenue une obligation tridimensionnelle : Morale, en reconnaissant les crimes ; matérielle, pour compenser les pillages et les violences ; et politique, pour démanteler les systèmes de dépendance ».

Le gouvernement sénégalais a concrétisé cette demande en lançant des fouilles archéologiques sur le site de Thiaroye, où l'armée française a massacré des tirailleurs africains en 1944. Selon des experts, ces recherches pourraient fournir les preuves concrètes nécessaires à une demande formelle de réparations.

Au début de l'année 2025, Dakar a transformé ces revendications en une dynamique collective à travers une série d'événements majeurs. La conférence internationale du 19 avril a marqué un tournant, aboutissant à 'un communiqué officiel au gouvernement, ainsi qu’ à une déclaration forte à la France. Pour résumer l'ambiance, un participant a déclaré : « Nous vivons dans l'espoir de la justice et des réparations ».

« Cette mobilisation dépasse le cadre sénégalais et incarne une conscience panafricaine », estime la sociologue Fatou Sow. La conférence a mis en lumière les différents crimes coloniaux, de la répression sanglante au pillage économique, ainsi qu'un catalogue minutieux des injustices qui leur ont été infligées.

Les jeunes Sénégalais semblent particulièrement engagés dans ce combat. Aissatou Diallo, étudiante en droit à l'université Cheikh Anta Diop, déclare : « Nos grands-parents ont souffert de la colonisation, et nous voulons écrire un nouveau chapitre ».Cette génération soudée et informée suit de près l'évolution de l'affaire Thiaroye, considérée comme un test décisif. « Les fouilles archéologiques ne concernent pas seulement le passé, elles sont la base de nos revendications pour l'avenir », insiste-t-elle.
La pression monte et les regards se tournent vers Paris. La France, qui a longtemps esquivé ces questions, pourra-t-elle garder le silence ? 

Entre espoir et méfiance, l'Afrique avance résolument vers ce qui pourrait être un moment charnière de sa libération. Comme le résume Amdiatta Diaby: « La colonisation nous a volé notre passé, mais elle ne dictera plus notre avenir ». 

Au Sénégal, comme ailleurs sur le continent, il faut passer des paroles aux actes, et cette conviction anime aujourd'hui une génération déterminée à obtenir justice et réparation de la part de l'ancien colonisateur.

 

Aminata Diouf

Dimanche 1 Juin 2025 - 16:12


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